Le bonheur des familles

FUENTES Carlos

Le bonheur, quel qualificatif railleur pour cette suite de récits d’une ironie mordante, nous plongeant au contraire dans les incompréhensions, les conflits, les drames de la mésentente familiale ! Dans un style décousu, déconcertant, mélangeant tendresse et cruauté, onirisme et descriptions colorées, Carlos Fuentes, auteur bien connu (En inquiétante compagnie, NB novembre 2007), parle tour à tour des couples légitimes, illégitimes, homosexuels, des relations parents/enfants, frères/soeurs, avec la parentèle, bref tous les cas de figure qui peuvent se rencontrer au sein d’un foyer. Tous évoluent dans la réalité mexicaine, pittoresque, empreinte de violence, de racisme, de diversité extrême ; le modernisme y voisine avec les vestiges du passé, la beauté existe partout, le dénuement côtoie la richesse. L’émotion est souvent présente, comme dans la correspondance entre une mère et l’assassin de sa fille, ou encore les relations de l’acteur déchu avec son fils victime de la thalidomide, la rencontre inutile des amours d’enfance. Dans l’évocation de la famille présidentielle, c’est l’humour qui domine. Entre chacun de ces petits drames, l’auteur intercale un intermède de poésie comme une sorte de sérénade. Le livre est refermé avec un sentiment de malaise devant cette vision pessimiste des relations humaines.