Gilles Lipovetsky étudie en philosophe notre société hypermoderne, telle qu’elle apparaît depuis une vingtaine d’années. Elle se définit par plusieurs particularités, à commencer par la « turbo-consommation », dont les acteurs prédominants sont l’actionnaire et le client. La recherche du bonheur, valeur centrale de la civilisation consumériste, passe par un individualisme conquérant à double face : « sensualiste et performatif, narcissique et prométhéen, esthétique et boulimique. » Le raz-de-marée consommatoire trouve, malgré tout, ses limites dans l’esprit critique, l’exigence éthique, le désir de création, autant d’aptitudes inhérentes à la nature humaine. Il convient, selon l’auteur, « d’inventer de nouveaux modes d’éducation et de travail permettant aux individus de trouver une identité et des satisfactions ailleurs que dans les paradis passagers de la consommation. »
Cet essai très complet se lit aussi facilement que Les temps hypermodernes (NB mai 2004). L’auteur décrit sans complaisance les réalités objectives de la société contemporaine tout en pointant les perspectives positives qui peuvent émerger. Un ouvrage de référence passionnant.