Le bûcher

DRAGOMÁN György

Une vieille femme qui prétend être sa grand-mère vient chercher Emma, treize ans, recueillie dans un orphelinat après le décès accidentel de ses parents. Aux côtés de cette étrange personne, l’adolescente découvre son histoire familiale et pourquoi un voile d’opprobre s’est abattu sur sa famille.  Pour évoquer la Roumanie aux lendemains de la chute de Ceausescu, jamais cité, György Dragomán (Le roi blanc, NB juillet-août 2009) choisit de coller au quotidien d’une orpheline naïve et courageuse qui cherche à se construire. Liée à un passé dont elle n’est pas responsable, la jeunesse incarne l’avenir du pays. Les stigmates de l’ancien régime totalitaire dans lequel leurs familles ont été impliquées conditionnent ses comportements. Les préoccupations ordinaires d’une adolescente s’évadant dans ses rêves et son imagination, la gestuelle mystérieuse de la grand-mère et le symbolisme de l’écriture brouillent sans cesse les cartes. Rien de bien nouveau dans les thèmes abordés ; en revanche, la forme narrative est surprenante. Ce long monologue, écrit au présent, requiert un temps d’adaptation, agace parfois, mais donne de l’intensité au texte. Poésie, fiction et réalité s’imbriquent, rendent l’atmosphère étrange, parfois envoûtante : la complexité de ce long roman d’apprentissage peut séduire ou rebuter.   (R.C.G. et B.Bo.)