Dans une exposition d’art islamique, Suzanne découvre les peintures de l’énigmatique Siyah Qalam, Le calame noir. Cet enlumineur du XVe siècle, fervent manichéiste et favori du jeune souverain de Tabriz, excellait à peindre la vie des nomades des steppes, leurs divinités et leurs démons. La voix d’Aygül, sa fille, conte à Suzanne l’apogée puis la disgrâce de son père. Yasmine Ghata, spécialiste d’art islamique, a déjà écrit cinq romans (La nuit des calligraphes, NB novembre 2004). Le récit de la jeune Aygül, plein de tendresse et d’admiration, nous introduit dans l’univers fantasmagorique de ce père qu’elle vénère. Il fait revivre de façon vibrante son oeuvre si particulière pour l’époque, entre réalisme et mysticisme : l’immensité de la steppe, les hommes et leurs chevaux, les humbles travaux quotidiens des femmes. Mais aussi les impressionnantes cérémonies religieuses, peuplées de démons, dédiées au prophète Mâni fondateur du manichéisme. Si le procédé littéraire, une voix venant d’un autre temps, semble artificiel, il rend la narration – qui fait écho au deuil de la jeune visiteuse – très vivante. Un joli roman sur les mystères de la création artistique. (A.-M.G. et M.-N.P.)
Le calame noir
GHATA Yasmine