Lors d’un interminable voyage en Transsibérien entrepris pour retrouver un ami parti s’installer au bord du lac Baïkal afin de préserver ses utopies, la narratrice traverse, dans une sorte de torpeur, des paysages, des villages inconnus et fait des rencontres, ombres furtives, aux confins du rêve et de la réalité… Elle prend conscience de l’importance des liens qu’elle a tissés avec une vieille dame solitaire de son immeuble parisien, à qui elle fait la lecture. Cette femme perd la mémoire, même celle de son amour mort ; mais elle s’identifie indéfiniment aux fougueuses féministes, rebelles dont la narratrice lui conte l’histoire.
D’une écriture ciselée, comme une petite musique, ce roman d’introspection, empreint d’onirisme, décline toute la gamme de la nostalgie avec la subtilité chère à l’auteur de La petite trotteuse (NB juillet 2005). Nostalgique du temps passé et des amours enfuies, la narratrice veut apprivoiser son avenir, la vieillesse, à travers la fragilité fascinante de sa voisine. Et aussi libre de ce passé elle sait vivre, sans liens, dans le présent. La lecture, très agréable, laisse un souvenir doux-amer, léger et lumineux.