À lenteur du pas de Grise la jument, ce court roman peint un pays et une ambiance : la Sicile des montagnes, aride et ardue, où l’on est économe de mots et de sentiments et la vie à Molo où les gens ne font rien comme les autres. Pour vendre sa récolte, Léonidas, cultivateur et vendeur d’oignons, décide d’emmener avec lui à Catane Ponce son jeune frère qui, à quatorze ans et trois mois, vient d’atteindre sa majorité. Bonne aubaine pour Ponce qui n’a jamais encore quitté son village mais qui aime apprendre. En chemin, on fait halte chez un certain comte qui, en échange de l’adresse d’un bon client pour la cargaison d’oignons, fourgue à Léonidas huit carabines à livrer « ni vu ni connu » dans une rue de Catane. La grande ville réserve à Ponce bien d’autres surprises…
Belle histoire de fraternité à la chute assez inattendue. Les personnages sont francs, parfois un peu « bruts » et pourtant plus fins qu’il n’y paraît. L’auteur écrit par touches successives comme le ferait un peintre pour son tableau, ce qui risque de faire languir les amateurs d’action et d’aventure. Les « goûteurs » de langue simple et belle, à la fois souriante, vraie et poétique, apprécieront ce très agréable roman où le lecteur se promène dans un décor et une ambiance rappelant celle de certains films italiens des années 1950.