Tombé d’un pommier à huit ans, Albert Dadas est atteint d’une insurmontable manie : il fugue. Pris soudain de bouffées de chaleur, il part, le plus souvent à pied. Il peut parcourir 70 kilomètres par jour. Moscou, Constantinople, Alger ou Budapest, ses étapes sont le fruit du hasard. Le jeune psychiatre Philippe Tissié en fait son sujet de thèse, décrivant son cas comme celui d’un « captivé » : un homme captif de son obsession. Il parvient à le stabiliser en lui faisant faire du sport et en pratiquant sur lui la suggestion sous hypnose, ce qui lui vaut quelques conflits avec son patron, le Professeur Pitre.
Dans la relation thérapeutique complexe qui s’installe entre Albert et Philippe, tous deux ont du chemin à parcourir. L’étude passionnée du cas s’accompagne, chez le médecin, d’une montée d’empathie pour son malade, lequel s’accroche à lui comme à une bouée de sauvetage. Les sentiments variés et évolutifs des protagonistes s’expriment fortement dans un dessin noir et grisé, parcouru par les yeux hallucinés d’Albert, dont le récit restitue les épisodes rocambolesques de voyages mi-involontaires, mi-consentis.