Comme toutes les nuits, Blanche entend des bruits effrayants dans sa chambre. Ils enflent, s’amplifient, puis laissent place à une affreuse sorcière qui semble déterminée à dévorer la fillette. Blanche, terrifiée, reste coite. Mais voilà que la sorcière chute, et se met à pleurer de douleur. De quoi la rendre moins impressionnante – presque attendrissante.L’auteur orchestre une double montée en puissance de la frayeur : d’abord les bruits inquiétants, puis la sorcière se rapprochant du lit. L’illustration quasi-expressionniste accentue la tension ; les yeux fous et les dents irrégulières de la sorcière subjuguent dans un gros plan à déconseiller aux enfants sensibles. La chambre vide – excepté le lit – aux murs nus, les draps blancs, cette austérité du décor brossé à grands coups de pinceaux aux teintes sourdes suggère la dimension intemporelle du cauchemar et accentue le malaise. Le retournement de situation, avec l’effondrement de la sorcière et la compassion de la fillette, n’est guère convaincant, même si le message est clair.
Le cauchemar
ORIOL Elsa