Le Censeur

Dans la France de Charles X, les Parisiens cultivés et mondains fréquentent assidûment salons littéraires et théâtres, dont le prestigieux Théâtre-Français. En 1827, Charles Brifaut – dramaturge, académicien prétentieux mais influent – accepte, flatté, le poste de censeur des théâtres. Nommé à ses côtés, Kovaliov, personnage inquiétant et secrétaire énigmatique, désorganise le travail du Maître, le déstabilise et aggrave ses obsessions et ses visions névrotiques. Il oriente aussi ses choix. Brifaut, opposé aux Romantiques, se trouve en conflit ouvert avec Victor Hugo, perd la bataille d’Hernani et achève sa carrière dans la déchéance et la solitude. Ce portrait d’un homme faible et manipulé, librement inspiré de faits réels, s’inscrit dans le thème, très circonscrit, de la censure dramatique, ses mécanismes, son rôle politique et ses arbitraires. Des personnages célèbres du monde artistique et politique évoluent dans un Paris bouleversé par de graves conflits sociaux. D’une écriture proche de celle de l’époque évoquée, l’auteur (Monsieur Loriot, NB avril 2014) compose un roman érudit où se succèdent, à vive allure, rebondissements et situations pleines de suspense… comme au théâtre ! On apprécie la justesse du ton de ce quasi pastiche, dont le côté loufoque ne manque pas de charme. (A.C. et C.Bl.)