Institut Curie. Kahina arrive de sa Kabylie natale pour se faire opérer d’un kyste au sein, croit-elle. Sa voisine de chambre, Elsa, Française d’origine juive, sait que le lendemain elle subira une ablation. Elle a déjà apprivoisé sa maladie. Kahina est entourée d’une famille très présente, voire dérangeante et intrusive. Les cultures des deux femmes sont différentes, mais leur mal les rapproche. L’une recherche le soutien familial, l’autre préfère la solitude dans la maladie. Elles se retrouvent le soir seules, unies dans la même attente du lendemain. Elles savent qu’elles ont le même combat à gagner. En vingt-quatre chapitres courts, Déborah Lévy-Bertherat (Les voyages de Daniel Ascher, NB octobre 2013) nous transporte dans l’univers clos d’une chambre d’hôpital où deux malades attendent leur opération. Face à la maladie, les frontières qui auraient pu les séparer s’estompent et elles finissent par se comprendre en tant que femmes avec leurs peurs, leur pudeur et le réconfort secret de partager les mêmes angoisses. L’ombre de Marie Curie plane sur l’Institut et Elsa sait qu’elle la protège. La romancière décrit la famille kabyle extravertie et la solitude recherchée d’Elsa, sans pathos, avec des mots justes et touchants (A.V. et D.C.)
Le châle de Marie Curie
LÉVY-BERTHERAT Déborah