Les retrouvailles avec sa mère à Paris en 2010, où elle vit sa vocation d’artiste, éveillent chez la narratrice, née en 1970, les souvenirs de sa jeunesse coréenne. Les évocations du passé alternent avec les dialogues des deux femmes.
Roman graphique plus que bande dessinée, cases à peine séparées par l’espace blanc. Les belles aquarelles, encre de Chine, mettent en valeur la nature ; les nuées légères où les nuages sombres créent une atmosphère mélancolique. La partition des deux Corée discrètement évoquée au travers des jeux d’enfants, les massacres du 18 mai 1980 et quelques notes historiques simples forment la toile de fond de l’histoire familiale. Après la vie échevelée de petit chef de bande à la campagne, Gusong connaîtra la misère à Séoul, malgré le boom économique, puis l’exil solitaire. Ardente, révoltée, l’héroïne séduit par sa force vitale. Attachantes confidences de la maman, déjà âgée, qui, hors de son contexte de vie traditionnel, livre des secrets de famille, toujours soigneusement étouffés dans un pays où la famille est sacrée.