Le cheval d’orgueil

Août 1920 Pouldreuzic. Pierre lance sa bille. Arborant gilet bigouden et chapeau rond, son grand-père vient s’asseoir la pipe à la main et, tout en sourire et mystère, pique au vif la curiosité du gamin. L’aïeul a bien des choses à raconter qui, pour beaucoup, passeraient au mieux pour des sornettes, au pire pour des mensonges. N’a-t-il pas, ce matin, rencontré une poulette qui s’en allait convoler en justes noces suivie par quelques invités ? Mais chut, n’allez pas répéter cette histoire, il faut être breton pour entrer dans ce monde-là. Le cheval d’orgueil a 40 ans et pour adapter, fût-ce librement, ses plus de 700 pages en 136 planches il faut être culotté et… breton ! Poétiquement et nostalgiquement illustré dans un registre presque monochrome, cet ouvrage “dessine » une ambiance, dégage une certaine odeur flottant entre paysannerie et ”civilisation”où il est “interdit de parler breton et de cracher par terre”. Leçon de choses en contes et légendes, sillages de vie quotidienne pauvre mais digne, empreintes d’un monde en pleine évolution, choc de la Grande Guerre : malgré le graphisme assumé (grosses têtes /petits corps), rien dans ces chapitres n’est enfantin. (M.-F.L.-G.)