Thermidor, an I : ami de Robespierre qui lui a confiĂ© l’exĂ©cution du portrait posthume de Marat, le peintre David tient atelier au Louvre. DĂ©barque Ă Paris un garçon de treize ans malingre et blond, Ă tĂȘte dâange, Jules. VendĂ©miaire, an II : David est chargĂ© par lâIncorruptible de trouver une image pour figurer lâEtre SuprĂȘme. Mais lâartiste sâest attelĂ© Ă lâautre commande que lui a passĂ©e Robespierre : la mort du jeune soldat Bara. Il a pris Jules comme modĂšle, le fait poser, Ă©tendu nu, le regard fixĂ© vers le ciel au dessus du Louvre. Un travail qui lâobsĂšde et quâil poursuit fiĂ©vreusement, follement aprĂšs la mort du garçon, guillotinĂ© en mĂȘme temps que Danton. Puis la tĂȘte de Robespierre tombe aussi. VentĂŽse, an V : David brosse enfin le portrait de son ĂȘtre suprĂȘmeâŠ
Câest le quatriĂšme opus de lâexcellente collection entreprise de concert voici cinq ans par les Editions Futuropolis et le MusĂ©e du Louvre (cf. PĂ©riode glaciaire de Nicolas de CrĂ©cy, NB dĂ©cembre 2005). Vingt courts chapitres dĂ©butant chacun par une gigantesque case pleine page dĂ©voilent cette tragĂ©die ambiguĂ« et sanglante. Dans une ambiance de coloris bistre/sĂ©pia, un trait affirmĂ© et plein de vie fait Ă©voluer les grandes figures rĂ©volutionnaires dans de somptueuses salles, sur les murs desquelles ressortent dans toutes leurs couleurs nombre de chefs dâoeuvre du MusĂ©e de la Nation. MĂȘme le lettrage du rĂ©citatif avec la premiĂšre phrase en majuscules, et les larges blancs des fins de chapitres (comme si lâindicible ne pouvait ĂȘtre reprĂ©sentĂ©) et le format inhabituel, carrĂ©, participent Ă lâesthĂ©tique de lâouvrage. La fiction intrigue de page en page, tout en faisant dĂ©couvrir quelques aspects – parfois macabres – de lâĂ©poque contrastĂ©e qui a prĂ©cĂ©dĂ© l’emprisonnement du peintre rĂ©volutionnaire, puis sa reconversion bonapartiste. Par lâauteur de la sĂ©rie Sambre et de XXe ciel.com (NB. FĂ©vrier 2005), une bande dessinĂ©e talentueuse.