Sa mĂšre est morte. Anna est assise sur sa balançoire, la tĂȘte renversĂ©e. Dans un sens comme dans lâautre, on peut « rĂȘver » ou « ressasser », dit-elle Ă son pĂšre, verrouillĂ© de chagrin, qui sâimpatiente, en tenue de deuil, sur le chemin de lâĂ©glise. Avec tendresse, elle lui propose un Ă©trange voyage entre la fosse des Mariannes et la nĂ©buleuse du Crabe.
La difficile question du deuil et de lâau-delĂ est abordĂ©e sans miĂšvrerie ni dogmatisme. La tendresse de lâenfant guide lâadulte vers la lumiĂšre, de « lâaverse de clous » à « la pluie de fraises ». Un itinĂ©raire onirique et poĂ©tique ! Comment lire le malheur autrement ? Quelle place donner Ă lâabsente ? En imaginant un monde sans haut ni bas, sans commencement ni fin oĂč chaque chose comme chaque ĂȘtre trouve son complĂ©ment, oĂč rien ne disparaĂźt irrĂ©mĂ©diablement. Le texte nâimpose aucune lecture ; les images, photos dĂ©tournĂ©es, paysages peints ou dĂ©corĂ©s, laissent la mĂȘme libertĂ©. De la premiĂšre Ă la derniĂšre page, grĂące Ă Anna, qui dĂ©livre son pĂšre de sa douleur, le « ressassement » de la mort sâest inversĂ© comme un palindrome en initiation Ă la vie.