La rencontre de la narratrice et de Mimi dynamite leurs vies d’épouses et de mères. Il devient éclatant que leur avenir est indissociable. Mais cet amour tout neuf est confronté à la redoutable maladie de Mimi. Or sa mère, Herta, seule rescapée familiale de Birkenau, est depuis soixante ans, dévorée par le devoir de mémoire. Mimi a été nourrie de ce passé empoisonné jusqu’à une identification inconsciente et mortifère. Son combat acharné contre une maladie insidieuse résonne constamment en écho à celui qu’a livré jadis Herta…
Le ton de ce premier roman ? Une adresse tendre et fervente de l’auteur à ses personnages. Le tutoiement incantatoire de la narratrice est scandé par de vives interventions lapidaires de Mimi et de sa mère. La construction superpose des fragments du récit d’Herta aux étapes douloureuses vécues par sa fille à l’hôpital. En revivant dans sa chair les souffrances des déportés, elle exorcise ce « syndrome du survivant » qui la minait à son insu. Un regard nouveau sur un sujet qui ne l’est pas, mais le systématisme des coïncidences devient un procédé un peu facile et l’écriture est souvent répétitive dans ce roman pétri de bons sentiments.