Le ciel par-dessus le toit

Phénix est au centre de la tragédie. Petite fille elle s’appelait Eliette ; trop jolie, ses parents voulaient en faire une poupée et la donner en spectacle. Après avoir fui et tout brisé, elle se reconstruit, dure et froide. Mère à son tour, tatouée d’un immense dragon, elle essaie d’élever ses deux enfants, Paloma et Loup, légèrement handicapé. Mais sa violence empêche sa fille de s’épanouir et la pousse à partir, elle aussi. Lorsque Loup cherche à la rejoindre, il se retrouve en prison…  L’écriture de Natacha Appanah (Une année lumière, NB décembre 2018) est envoûtante, prenante et pesante dans ce très court roman noir, douloureux et triste. Les relations entre mère et fille, le désespoir des enfants mal-aimés, la singularité de chacun dès le plus jeune âge, leurs solitudes sont exposés avec finesse et efficacité. Rappelant le poème de Verlaine « le  ciel est par-dessus le toit, si bleu… », une lueur apparaît lorsque la famille tout doucement peut renaître malgré tout. La culpabilité envahit les coeurs, mais l’espoir aussi. C’est une descente au plus profond des âmes malheureuses et à la dérive, un voyage un peu pénible malgré un style magnifique et ludique. (V.A. et M.-F.C.)