Dans une lointaine Eurasie, sous la férule d’un dix-huitième Führer, pour faire face à la raréfaction des espaces habitables, tout est mis en oeuvre afin de réduire la population et de sauvegarder un Espace vital. Dans cette optique, les cimetières ont disparu, sauf à titre de témoins du passé, remplacés par leurs équivalents virtuels où chacun peut se recueillir. Isobel a décidé d’enfreindre la loi au péril de sa vie et de donner à sa mère qui vient de mourir une sépulture. À l’entrée du cimetière, elle rencontre Travis… Planète en danger, dissolution de l’individu dans le virtuel : de la réalité des problèmes aux fantasmes qu’ils nourrissent, il n’y a qu’un pas et on oublie la réflexion pour se noyer dans l’émotion. À moins que ce détour offert par « la littérature de l’imaginaire » soit nécessaire pour alerter les inconscients que nous serions ! Le roman de Gérard Guix s’inscrit dans cette démarche : plus fable que roman, avec des personnages psychologiquement sommaires au profit de situations archétypes du fantastique et d’un ancrage facile de la fiction dans l’Histoire du XXe siècle. Reste le suspense sur l’identité de Travis, l’idylle entre les deux jeunes gens, mais ces éléments nuisent à la pertinence ou à la profondeur de l’analyse espérée, compte tenu du point de départ. C’est dommage. (C.B. et M.D.)
Le cimetière
GUIX Gérard