Rouge comme un ocĂ©an de sang, le sorgho sâĂ©tend sur le canton de Gaomi. En 1939, les bandes armĂ©es communistes et nationalistes combattent lâenvahisseur japonais tout en se portant des coups fatals. Sous la houlette du commandant Yu, grand-pĂšre de Mo Yan, les paysans dĂ©fendent leurs villages tandis que la grand-mĂšre, femme au destin exceptionnel, fait tourner la distillerie dont elle est devenue propriĂ©taire. Narrateur de la geste familiale, Mo Yan enchĂąsse dans une guerre cruelle lâhistoire de ses vaillants grands-parents. Aux scĂšnes de massacres, parfois difficiles, oĂč flottent les odeurs corrompues des charognes, rĂ©pondent les lyriques descriptions dâune nature gĂ©nĂ©reuse ; le romancier sâapplique Ă mĂ©langer les genres. Les chapitres consacrĂ©s Ă la destinĂ©e de son aĂŻeule portent le poids des traditions, rites funĂ©raires ou simple distillation du sorgho, et donnent des pages inoubliables. Le va-et-vient entre les Ă©poques, qui peut gĂȘner, permet Ă lâauteur de Grenouilles (NB novembre 2011) d’Ă©voquer la saga familiale et lâhĂ©roĂŻque rĂ©sistance des paysans, dans cette version intĂ©grale du roman paru en 1990. LâĂ©criture est sans complexe, mĂȘlant aux fureurs de la guerre les chuchotements de lâunivers. Un livre violent, Ă©pique et chevaleresque, frivole et poĂ©tique, trĂšs attachant.
Le clan du sorgho rouge
MO YAN