En 1970, en banlieue parisienne, un pavillon vide est ravagĂ© par un chien. Les propriĂ©taires, militants communistes, le revendent, le rĂ©cit sâĂ©gare⊠La parole passe Ă lâhomme qui doubla la voix de Staline, le remplaçant au tĂ©lĂ©phone dans le monde ubuesque du Kremlin. Puis quatorze poĂšmes rĂ©sument en 2009 des vies de militants ouvriers, suivis dâune piĂšce de thĂ©Ăątre, « La ronde militante ». SĂ©jour en Europe de lâEst, oĂč un romancier travaille aux archives, surveillĂ© par le pouvoir. ArrĂȘt sur Prosper Enfantin, avec quelques textes saint-simoniens et marxistes. Puis passage en AmĂ©rique latine oĂč un activiste voit sa rĂ©volution sâenfoncer dans la modernitĂ© capitaliste. Retour en banlieue parisienne aujourdâhui : un communiste tente dây mobiliser une jeunesse nihiliste, adepte dâun piercing mortifĂšre. Dans cet ambitieux roman, Ă la construction saturĂ©e de subtilitĂ©s oulipiennes, Jacques Jouet (La seule fois de lâamour, NB mars 2012) se penche sur le dĂ©voiement, lâĂ©chec et lâavenir de la thĂ©orie communiste. « La lectrice », parfois Ă©voquĂ©e, sâinterroge sur la succession logique de ces fragments qui dĂ©crivent les erreurs et horreurs dâun communisme dâĂtat ou les actions des militants de la base⊠Le style vif, prolixe, multiforme, lâhumour, la sincĂ©ritĂ© de la dĂ©marche, lâimplication de lâauteur lâentraĂźnent cependant jusquâau bout de cet ouvrage atypique.
Le Cocommuniste
JOUET Jacques