Le coeur au ventre

Aucun détail ne nous est épargné dans ce livre témoignage, déballage d’une enfance privée d’amour et hantée par la peur. Le petit garçon, Guy Carlier, compense cette privation par une ingestion de quantités hallucinantes de nourriture. Adulte, ses deux cent trente-cinq kilos lui pèsent à chaque instant de sa vie. Si un sentiment de dégoût surgit devant tant de descriptions précises sur le calvaire des obèses, on est néanmoins saisi par l’écriture coup de poing qui provoque le lecteur ; on y relève un farouche désir d’effacement malgré des ambiguïtés rapportées sans complaisance. Une impression de voyeurisme et d’écoeurement alterne avec la compassion que l’on éprouve pour l’auteur qui manie l’humour féroce comme une arme acérée. Quel enfer que celui de la boulimie !