Meurtrie par le suicide de sa mère, Nadia, dix-sept ans, se réfugie au Cénacle, communauté religieuse noire. Elle s’éprend de Luke, le fils du pasteur. Enceinte, elle avorte puis quitte sa Californie natale. Étudiante brillante et ambitieuse, elle voyage, revient au pays. Dix années passent. Reliés par souffrances et incompréhensions, Luke, Nadia et Aubrey, sa meilleure amie, vivent des situations induites par le souvenir de l’enfant refusé et le rôle des mères.
D’une écriture précise, vigoureuse, la narration nous projette dans la société noire californienne d’aujourd’hui. Elle souligne le caractère intense et pervers de l’héroïne profondément malheureuse, mais aussi sa volonté d’émancipation qui se heurte à un racisme latent. Très sentimentale, parfois naïve, l’histoire de ces destinées inaccomplies et de leurs frustrations est scandée par la révélation de secrets habilement distillés. Le désir d’enfant, son poids de symboles et de rédemption, les mères trop présentes ou cruellement absentes dictent les comportements des personnages en constant décalage. Ce premier roman très sensible suscite une indicible tristesse, mais le portrait de cette femme habitée par le souvenir d’une mère inoubliable est une réussite. (A.C. et A.Be.)