Le coeur blanc

POULAIN Catherine

L’Algérienne Mouna est embauchée comme saisonnière en Provence pour la récolte des asperges, puis du tilleul, des abricots, des olives… C’est dur, mais elle aime l’été, la brûlure du soleil, cette sensation d’épuisement. Elle raconte le travail très difficile et la vie misérable de ces ouvriers agricoles venus d’ailleurs. Parmi eux, Rosalinde, Allemande très courageuse, éprise de sexe et surtout de sa liberté, qui attire dangereusement tous les hommes. Les deux femmes deviennent amies. L’alcool le soir dans les bars permet à tous d’oublier et de tenir vaille que vaille.  Catherine Poulain a été ouvrière agricole avant de partir en Alaska (Le grand marin, NB mars 2016). Elle décrit une Provence âpre, dure aux travailleurs, avec ses contreforts rocheux qui emprisonnent et ses saisons extrêmes, malgré le chant des cigales, la fraîcheur des sous-bois, la rivière qui purifie. Le feu habite les corps, la peur du vide et l’incertitude de soi cherchent à s’anesthésier par tous les moyens. Une certaine solidarité tendre contraste cependant avec la brutalité générale. Le style est presque constamment haché, cru, intense, à l’image des êtres et de la terre. Le tableau d’ensemble et l’écriture, très (trop ?) forts, peuvent paraître excessifs et répétitifs. (M.-A.B., M.Bi. et A.Le.)