Tôt ce matin-là, au septième étage d’un immeuble d’une cité de la banlieue parisienne, la vie de Charly Traoré, un petit Malien en classe de sixième, bascule : sa mère, Joséphine, qui l’élève seule, est emmenée sous ses yeux par les policiers. Charly sèche l’école et passe toute sa journée dehors à arpenter le quartier, à aller de pote en pote, à rechercher son frère aîné qu’il déteste parce qu’il se drogue mais vénère inconsciemment, tout en moulinant dans sa tête ses souvenirs et ses interrogations.
La banlieue colle à la plume de Samuel Benchetrit. Il la contait déjà dans ses souvenirs : Le Temps des tours (Chroniques de l’asphalte ;1) (NB décembre 2005) et Chroniques de l’asphalte ; 2/5, (NB octobre 2007), titres évoquant déjà la rue, l’extérieur, l’air libre. Avec cette fiction à la fois grave, tendre et drôle, il continue avec le même bonheur. On retrouve son style parlé et familier, mais sans vulgarité, assez policé finalement, et le même enchaînement erratique des séquences – une idée, un mot chasse l’autre. Son héros a le goût de l’amitié, des mots, de la lecture, et de Paris qu’il rêve d’habiter un jour. Bonne chance, Charly !