C’est une petite fille, dont tout éveille la curiosité, jusqu’au jour où son père meurt. La peine est telle qu’elle se referme sur elle, met son coeur de côté, dans une bouteille, pour pouvoir continuer à avancer. Elle grandit mais son désir est éteint, elle ne s’intéresse plus à grand-chose. Un jour, elle croise sur la plage une petite fille qui ressemble à celle qu’elle était, et qui lui donne envie de ressortir son coeur de la bouteille. Mais ce n’est pas si facile…
Voilà une histoire hautement symbolique! La mort du père est suggérée par son fauteuil vide, le chagrin qu’elle cherche à étouffer par la mise en bouteille du coeur, le poids de la fermeture par le fardeau de cette bouteille qu’elle porte toujours autour du cou. Symboliquement encore, c’est la petite fille qui réussira à sortir ce coeur, et la grande ira alors s’asseoir sur le fauteuil du père. Il sera difficile, voire impossible à un enfant de décoder l’histoire en l’absence d’adulte, et même éclaircie, en sera-t-il touché? Le graphisme tout en grâce et légèreté d’Oliver Jeffers, qui juxtapose les techniques (aquarelle, crayon, collages…) suggère bien la rêverie, les grands espaces, mais insuffle plus de mélancolie que de chaleur.