Le colonel

DOWLATABADI Mahmoud

Une nuit, deux policiers frappent à la porte du colonel. Ils ont la sinistre mission de le mener au cadavre martyrisé de Parvaneh, sa petite dernière disparue depuis deux mois. Il doit impérativement enterrer son enfant avant le lever du jour. Sa vie défile : sa carrière militaire à l’époque du Shah, l’assassinat de sa femme adultère, l’emprisonnement et la folie de son fils Amir, ses deux autres garçons sacrifiés au nom d’idéaux révolutionnaires, sa fille aînée mariée à un profiteur du nouveau régime… Mahmoud Dowlatabadi, iranien né en 1940, plante son décor de manière théâtrale et lugubre. Rythmées par une pluie incessante, s’élèvent les voix du père et du fils, telles des mélopées funèbres. Les pérégrinations nocturnes du colonel font écho à ses questionnements intimes, mêlant confusément présent et passé et cherchant sa part de responsabilité dans le destin de ses enfants. Dans une atmosphère de cauchemar désespérant, où la mort côtoie la folie, l’auteur écrit la peur permanente de ses compatriotes depuis des décennies. Une overdose de noirceur suffocante qui annihile jusqu’à la dimension politique du récit.