Le complexe de Caliban.

LÊ Linda

Dans la foulée de Conte de l’amour bifrons (voir dans ce numéro, p.668), Linda Lê publie un essai littéraire. Remontant le cours de son lien avec la lecture, les écrivains et la langue, elle s’interroge sur les origines de sa vocation, de ses goûts et de son rapport au monde, en répertoriant nombre de héros exemplaires de multitudes d’oeuvres. Consciente d’avoir trahi une partie de son patrimoine vietnamien en choisissant d’écrire en français, elle commence par convoquer ces « agents doubles » que sont Conrad, Cioran et Beckett pour lui servir de passeurs dans la Babel des mots… Puis elle se place sous l’étendard de Caliban, le sombre héros de La Tempête de Shakespeare qui a dû renier une part de lui-même pour adopter la langue de son maître. Elle déclare encore s’être retrouvée dans Bartleby, le scribe incurablement solitaire de Melville…

 

Lecture refuge, lecture rêve, Linda Lê a lu tous les livres. De Hugo à Flaubert… Kafka, Dostoïevski etc., elle survole époques et continents, modulant sa relation à l’écrit en cantilènes parfois difficiles à suivre.