Avoir 8 ans en 1981 dans la famille Hoffman n’est pas une sinécure. La mère de Simon est suicidaire, son père a choisi de fuir le foyer, emmenant la grande soeur Delphine. La grand-mère n’est pas loin mais elle parle beaucoup trop, pense Simon. À l’école, ce n’est pas facile non plus. Dans la cour, les grands inventent des règlements draconiens inspirés des ordonnances fascistes de sinistre mémoire. Heureusement il y a Lakhdar, petit émigré sans famille, à qui Simon se confie. Sous la forme d’un roman sur l’enfance d’abord acide et drôle, Colas Gutman a trouvé un style très personnel qui crée le malaise une fois interprétés les non-dits ou les à-peu-près de ses jeunes personnages. Le ton vire au burlesque tragique et à l’absurde dans une histoire dans l’histoire, fable surréaliste que se raconte Simon, où il exprime la noirceur de ses peurs et fantasmes. La cruauté enfantine, les jeux racistes, les humiliations, l’intolérance, l’aveuglement ou l’inconscience des adultes, laissent heureusement place parfois à des anecdotes moins sombres, plus enfantines, mais l’impression générale reste celle de la douleur psychique du petit héros. Tour de force d’écriture, réussi mais perturbant. (T.R. et C.B.)
Le complexe d’Hoffman
GUTMAN Colas