Norvège, 1849. Bernhard se tue en chassant dans la forêt. Fils d’un riche négociant qui a fait faillite, il a connu une enfance triste mais aisée. Ses précepteurs ont renoncé à faire travailler ce garçon « lourdaud, rougissant, mollasson », sauf le dernier, Welhaven, devenu son ami. Petit à petit, il se noie dans l’alcool et s’enfonce dans la misère, alors qu’une seule obsession douloureuse l’habite : sa passion sans espoir pour la belle Camilla. Mais Camilla préfère le séduisant Welhaven, pourtant égoïste et prétentieux. Non sans masochisme, Bernhard joue entre eux le fidèle messager. La postface nous apprend que l’auteur (L’été dernier, NB janvier 2007) a choisi pour héros de véritables écrivains norvégiens. Si Bernhard Herre est resté obscur, Camilla Wergeland est une pionnière du roman féministe, tandis que Johan Sebastian Welhaven est un grand poète national, chantre de la Norvège libérée du joug danois. Le roman ajoute à des retours en arrière s’emboîtant subtilement, la description talentueuse d’une nature et d’un climat rudes. Mais il dissèque avant tout l’exacerbation romantique des sentiments et des illusions artistiques du narrateur, double caricatural du jeune Werther, dans une capitale métaphorique : embryonnaire, pauvre et sale, pétrifiée d’un froid polaire ou gorgée de boue.
Le Confident du poète
DAHL Niels Fredrik