Comment mourir, lorsqu’ on est un jeune napolitain dans la force de l’âge ? Ce thème tragique est traité dans deux nouvelles avec une sobriété d’écriture et une pudeur de sentiments dépourvues de tout pathos méridional exubérant. La plus courte aborde un sujet qui a valu à l’auteur, journaliste, une grande notoriété (Gomorra : dans l’emprise de la Camorra, NB janvier 2008). On assiste à l’assassinat arbitraire de deux jeunes gens par la mafia qui s’est trompée de cible.
Une toute autre mort attend le héros de la plus longue. Dans ce Sud de grande pauvreté, les garçons n’ont d’autres choix pour vivre que de s’engager dans l’armée et sont envoyés au gré des conflits internationaux sur le front. C’est en Afghanistan que va se faire tuer le fiancé de la jeune Maria, dix-sept ans. Pour survivre au désespoir, elle a la certitude que son amour doit rester vivant pour être plus fort que la mort. Interviewer discret, Roberto Saviano donne à voir le poids d’une société bloquée, la force de tempéraments implacables ; il sait aussi susciter l’émotion qui gagne le lecteur.