Rémi, fils d’un père attentif et d’une mère aimante, est un jeune homme lent, lourd, attaché à la terre limousine que sa famille travaille depuis des générations. Il a la tête souvent levée vers le ciel où s’étire le vol des étourneaux, pourtant il n’a de cesse de se jeter au sol avec la plus grande violence dans le désir de sentir son sang couler. Gabriel, lui, frappé en pleine adolescence par la mort accidentelle de ses parents très aimés, s’est lové sur sa douleur. Une blessure qu’il s’inflige, rouverte soigneusement par ses soins, lui sert d’exutoire. Lorsque Rémi aperçoit Gabriel un soir d’orage dans un champ, il croit à l’apparition d’un ange. Sa fascination pour Gabriel l’entraîne alors dans un acte sanglant, inouï, impensable.
Cette histoire pourrait être celle d’un fait divers, remontée à sa source. Mathieu Riboulet sait dire en phrases longues, avec méandres, l’enfermement, la possession et le chagrin tracé à même le corps. Mais le lecteur, bouleversé par Les âmes inachevées (NB juin 2004), peut être déconcerté par la troisième partie, un dialogue avec les ombres.