Ă Alexandrie, dans les annĂ©es soixante, le jeune Saverio Pascale, hospitalisĂ© aprĂšs un accident de plongĂ©e, Ă©crit et se raconte pour essayer de guĂ©rir. Depuis la mort de son pĂšre, anarchiste italien exilĂ© en Ăgypte, sa vie insouciante part Ă la dĂ©rive. Lors dâun pĂšlerinage avortĂ© en Italie pour dĂ©couvrir son village dâorigine, Carlomagno, il rencontre Ungaretti, le cĂ©lĂšbre poĂšte fasciste, qui lui confie un parchemin mystĂ©rieux sur un hĂ©rĂ©tique brĂ»lĂ© jadis, Pascal. Il enquĂȘte sur ce mort, qui l’obsĂšde et en vient Ă hanter ses nuits.
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RĂ©flexion sur lâĂ©criture et sa force, lâimportance des livres pour fonder lâidentitĂ© dâun peuple, la quĂȘte du pĂšre et de ses origines, hommage aux rĂ©fugiĂ©s apatrides et aux ĂȘtres singuliers : riches et profonds sont les thĂšmes brassĂ©s dans ce roman Ă la structure originale. Lâhistoire rĂȘvĂ©e de lâapostat sâinvite dans la vie du narrateur. LâĂ©criture de Maurizio Maggiani, toujours dâune grande beautĂ© (cf. Le voyageur nocturne, NB janvier 2007), est savoureuse, vivante, humoristique parfois ; elle se resserre, Ăąpre et intense, dans lâĂ©vocation de Carlomagno et de Pascal. La complexitĂ© du rĂ©cit est largement compensĂ©e par un indĂ©niable plaisir de lecture.