Andrew vit pour sa passion : les poupées anciennes qu’il collectionne et fabrique ; elles l’aident à accepter sa petite taille et l’exclusion du handicap. Il répond à une petite annonce dans une revue plangonophilique. Grâce à sa correspondante, Andrew découvre les nouvelles écrites par Ewa Winters, une artiste polonaise méconnue. C’est le début d’une relation épistolaire soutenue avec Bramber. Ses lettres laissent deviner une réclusion longue et douloureuse dans une mystérieuse maison de santé au fin fond de la Cornouaille. Sans lui en parler, Andrew se met en route pour venir la libérer.
Déjà reconnue pour son talent à mêler fiction spéculative et fantastique, Nina Allan incorpore dans son troisième roman plusieurs nouvelles, sa spécialité littéraire. Les trois fils narratifs (journal du voyage d’Andrew, lettres de Bramber, nouvelles d’Ewa) tissent un nid pour la possibilité d’univers parallèles et l’ “intersection” fictionnelle entre conte et réalité. Les cinq textes courts sont d’un tel degré de cruauté et de baroque qu’ils font passer la quête chevaleresque d’Andrew pour… normale. Et pourtant ! Dans les cinq contes macabres comme dans la narration de l’histoire d’amour improbable entre deux personnes écorchées vives, les thèmes (présage, passion, défiguration, trahison, jalousie, bannissement, etc.), les personnages, les noms, les récits, se télescopent bizarrement, se superposent ou s’inversent, créant une ambiance intrigante. Envoûtant. (T.R. et C.B.)