La mousson arrive sur cette petite ville du Pakistan. La famille du juge pleure : il vient dâĂȘtre assassinĂ©. Aux portes de la mosquĂ©e, le coiffeur et le boucher bavardent en vieux amis. Le richissime propriĂ©taire fait payer sa pension Ă la mĂšre du garçon quâil a fait tuer. La petite servante du maĂźtre dâĂ©cole balaye les lĂ©zards dâeau. Le commissaire prend une maĂźtresse chrĂ©tienne, le pieux mollah le dĂ©nonce Ă lâappel de la priĂšre. Un sac de lettres retrouvĂ©, vieux de dix-neuf ans, doit ĂȘtre redistribuĂ©âŠÂ On ne saura rien du meurtrier du juge ou du contenu compromettant des lettres. Pendant ces deux semaines, rien nâarrive que lâordinaire, ou presque : violence, obscurantisme, saletĂ©, misĂšre, suprĂ©matie impitoyable des riches. La fĂ©rule de lâislam rĂ©glemente chaque geste, pourchassant rĂ©flexion indĂ©pendante et modernitĂ©. Adolescent, Nadeem Aslam (Le jardin de lâaveugle, NB dĂ©cembre 2013) a fui le Pakistan en 1980. Avec lui, on croit vivre le quotidien immuable de cette petite communautĂ©. Les personnages conversent (quelques mots en ourdou avec lexique), mangent, circulent dans les couleurs et odeurs habituelles, putrides ou parfumĂ©es. La dĂ©nonciation satirique se mĂȘle avec poĂ©sie et humour Ă une empathie chaleureuse. (M.W. et M.-N.P.)
Le cri de l’oiseau de pluie
ASLAM Nadeem