Scrubby possède un don de double vue grâce auquel il peut discerner le fond magique qui sous-tend la réalité sombre. Sombre, car sa famille a dû quitter Dartmoor, émigrer à Londres où la vie est dure, et travailler à la mine. Sombre, car le père de Scrubby, Thomas, vient de mourir, abattu pendant une émeute à l’instigation de l’homme en noir, un être malfaisant. Sombre, car sa mère se noie dans des circonstances particulièrement dramatiques. Scrubby, protégé par sa soeur Sheela, et aidé par un lutin et des êtres de lumière, tente de s’opposer aux puissances du chaos.
Dubois et Fourquemin réalisent un mixte très réussi de féérie et de réalisme. Certaines séquences sont de véritables merveilles de poésie, de rythme ou d’intensité dramatique. Les couleurs de Smulkovski – dominante verte pour Londres, brune pour la mine et rouge pour le brasier aux dragons, dispensées avec un goût très sûr, ajoutent à la magie de l’ensemble. Cette transfiguration poétique des luttes sociales dans le Londres de Dickens est réalisée avec un immense talent.