Si la romancière cite Mao pour qui « La révolution n’est pas un Diner de gala », elle profite d’un déjeuner littéraire pour porter un regard original sur la « révolution » de mai 68. Unité de temps et de lieu pour cette tragi-comédie sur fond de barricades : le 22 mai à l’hôtel Meurice, Patrick Modiano reçoit le prix Roger-Nimier parrainé par la milliardaire Florence Gould. À table, Dali, Paul Morand, pour ne citer qu’eux, y vont de leurs commentaires face à la vindicte estudiantine… Quant à Modiano, malgré l’enthousiasme initial, il déçoit l’assemblée par ses timides balbutiements. Pendant ce temps, le monde tourne à l’envers, d’un étage à l’autre de l’hôtel, au grand dam des clients huppés. Le directeur, destitué par le syndicaliste de service, finit par remplacer la dame du vestiaire dont le mari policier a souffert d’un tabassage en règle. C’est drôle, intelligent, sarcastique, truffé de références historico-littéraire, avec des envolées rocambolesques, comme la réunion de crise entre dirigeants des plus prestigieux hôtels parisiens, très arrosée. Le roman est d’ailleurs pétillant comme une coupe de champagne. Irrésistible ! (C.G.)
Le déjeuner des barricades
DREYFUS Pauline