À l’aube du troisième millénaire, parler du dérèglement du monde n’est pas un vain mot. La crise économique et financière, fruit éminemment toxique de jeux boursiers irresponsables et de pertes de valeurs morales, commence à peine ses dégâts, alors que ceux du dérèglement climatique dû à la légèreté humaine dans la gestion de la planète se font déjà cruellement sentir. Le dérèglement le plus grave pour Amin Maalouf, libanais d’éducation européenne, est celui des clivages identitaires. L’Occident, arrogant et sûr de posséder la vérité, s’est embourbé dans des occupations de pays auxquels il n’a pas su ou voulu apporter ses propres valeurs démocratiques, soucieux de préserver sa suprématie ; le monde arabe, en panne de leaders légitimés par la confiance, humilié par son retard économique, déstabilisé politiquement, s’est replié sur un radicalisme de plus en plus fanatisé et rétrograde.
Comment en est-on arrivé là et quel avenir pour le monde ? Les problèmes sont bien posés, nourris d’une connaissance profonde de l’Histoire et des mentalités. Avec son optimisme et sa foi dans l’homme, Amin Maalouf ouvre quelques pistes prudentes espérant que la crise sera un détonateur pour une nouvelle ère, mais le chemin sera long et difficile.