AprĂšs l’accident, ils ont fui la zone d’exclusion, mais trente ans plus tard, le village de Tchernovo a retrouvĂ© quelques habitants dĂ©cidĂ©s Ă y vivre malgrĂ© tous les risques. Ils y consomment fruits, lĂ©gumes et volailles irradiĂ©s. Baba Dounia vit entourĂ©e de ses morts et des quelques survivants, soutenue par sa fille, mĂ©decin en Allemagne et par sa petite fille Laura qu’elle n’a jamais rencontrĂ©e et qui sera son dernier amour. L’arrivĂ©e inexplicable d’un inconnu avec son enfant va bouleverser le village fantĂŽme. Â
Entre fable et rĂ©alitĂ©, ce joli roman dâAlina Bronsky (Cuisine tatare et descendance, NB mai 2012) campe des personnages habitĂ©s par une exceptionnelle force vitale dans une micro sociĂ©tĂ© capable de rĂ©sister Ă une majoritĂ© d’autoritĂ©s scientifiques, civiques ou juridiques. Dans cette zone contaminĂ©e oĂč mĂȘme les coqs meurent brutalement, des hommes et des femmes conservent dignitĂ© et volontĂ©, et la recherche du bonheur n’est pas exclue de leur existence oĂč la mort est apprivoisĂ©e. Le personnage de Baba Dounia, sa capacitĂ© Ă dĂ©passer les difficultĂ©s physiques ou matĂ©rielles sans renoncer Ă ses rĂȘves, impose une image optimiste face aux dĂ©rives humaines contre la nature, symbolisĂ©es par le rĂ©acteur « tueur ». Une lecture pleine de charme et d’enseignement. (M.M. et M.Bo.)