Personne nâa prĂȘtĂ© attention Ă la disparition de Soyeux, Saltimbanque et RamsĂšs. Le hĂ©ros narrateur non plus. Mais quand il assiste Ă lâenlĂšvement dâun autre chat noir, il prend peur dâautant quâil surprend dâinquiĂ©tantes conversations parmi les hommes : le Cercle des Superstitieux mettrait sur le compte des chats noirs le moindre revers de fortune ; la chasse et la persĂ©cution en seraient donc ouvertesâŠ.
Nous voici, sans prĂ©ambule, dans une fable animaliĂšre, de facture classique : les chats pensent, aiment, parlent comme des humains. La transposition nâa ni la finesse ni lâhumour des Dialogues de bĂȘtes de Colette auxquels il pourrait faire penser. Il sâagit dâune fable politique pour dĂ©noncer lâinvention de boucs-Ă©missaires, le mĂ©canisme de propagation dâune rumeur, les fondements absurdes du racisme et la violence quâil engendre. La charge, un peu systĂ©matique, avec des effets trĂšs dĂ©monstratifs, est bien menĂ©e et efficace. PĂ©dagogiquement intĂ©ressant pour initier une rĂ©flexion, ce roman, Ă lâĂ©criture sage et Ă©lĂ©gante, aurait mĂ©ritĂ© plus de fantaisie pour dĂ©passer son intention louable et crĂ©er un vĂ©ritable univers.