Ancien officier de l’armée de l’air égyptienne, le captain Ni’mat découvre, à l’aube de la soixantaine, la fulgurance de la sensualité homosexuelle. D’abord initié par le masseur du club où il se rend chaque jour, il demande à son employé de maison nubien, le bel Islam, de le masser quotidiennement et intimement. Le captain Ni’mat tombe follement amoureux de son domestique, mais leur relation s’ébruite, les inquisiteurs modernes veillent. Par amour pour Islam, il divorce, renonce à sa vie de notable pour vivre, un temps, une passion partagée, interdite et cachée.
Posthume, ce dernier roman de Mohamed Leftah est d’une certaine manière son dernier combat contre les préjugés et l’intégrisme qu’il a toujours dénoncés dans ses écrits (Au bonheur des limbes, NB mars 2006). Il y rajoute une pointe de provocation, le domestique s’appelle Islam et c’est lui qui domine sexuellement son maître. Les scènes érotiques, les rêves sur la beauté sont très détaillés. Qui n’en sera pas choqué pourra être touché par la magie de l’écriture, comme s’il lisait un conte persan transposé de nos jours.