En 1834, Gus, un jeune universitaire, est envoyé par le musée de l’histoire naturelle de Lille dans un archipel subarctique au nord de l’Écosse pour y étudier les pingouins. Ces animaux y sont pourchassés de plus en plus pour leurs dépouilles : on les empaille. Ou on les mange… Un jour que Gus observe de sa barque une de ces tueries, un pingouin blessé dérive jusqu’à lui. Il le ramène chez lui, le soigne, l’arrose, et le conduit à la mer avec une ficelle à la patte. Des liens amicaux se créent, se resserrent. Prosp – de « prosperus », car il est dodu – fait bientôt partie de la famille.
Sibylle Grimbert, romancière et éditrice, a déjà écrit plusieurs livres. En choisissant un pingouin pour personnage principal ou presque, elle fait un choix judicieux. Cet animal, par son allure, ses attitudes, suscite amusement et sympathie et son Prosp est réjouissant. Son comportement, ses réactions paraissent très humaines. Il s’attriste, se réjouit, se met en colère : au souci scientifique croissant de cette époque – découvrir, étudier, répertorier, classer – vient s’ajouter la nécessaire prise en compte des sentiments. Sur cette évidence, plane l’ombre inquiétante de la disparition des espèces. Deux grands thèmes pour ce petit livre original et touchant qui interroge et explicite nos relations à l’animal. (M.W. et F.L.)