Le dernier modèle

MAUBERT Franck

1958. Alberto Giacometti fréquente assidûment les bars de Montparnasse ; un soir il rencontre Caroline. Elle n’est pas une entraîneuse de plus. Il l’aime, elle l’aime et devient son modèle. Dès la première pose il s’énerve, n’arrive pas à capter son regard, clame : « Qu’est-ce que créer ? Faire, faire et refaire ! » Leur histoire est compliquée: il a soixante ans, est marié à Annette, elle en a vingt, épouse un vieillard milliardaire. L’artiste l’attend, patiemment, et leur amour repart de plus belle, fait de silences, de rires, de beuveries jusqu’à la mort d’Alberto en 1966, chez lui, en Suisse. Franck Maubert a écrit plusieurs livres d’art, et des ouvrages sur sa famille (Le père de mon père, NB novembre 2008). Dans ce court roman, l’auteur rencontre Caroline, cinquante ans après, vieille dame fragile sur son balcon dominant la Baie des Anges à Nice. Désormais pauvre et seule, elle livre ses souvenirs par bribes, comme une succession de scènes de cinéma. Un récit pudique, bien écrit, qui révèle une Caroline attachante et un Giacometti intime, tourmenté, perfectionniste jusqu’à l’extrême, qui, la veille de sa mort, confia à son dernier modèle : « Je me suis donné du mal pour rien du tout. »