Le dernier mort de Mitterrand

BACQUÉ RaphaĂ«lle

Sombres sont les coulisses de l’ÉlysĂ©e et du pouvoir mitterrandien. François de Grossouvre, grand industriel lyonnais, rencontra François Mitterrand en 1959 et finança le train de vie du futur PrĂ©sident, puis sa campagne Ă©lectorale. Leur amitiĂ© fut indĂ©fectible pendant un temps, basĂ©e sur le goĂ»t du secret, l’amour des femmes, une double vie. Grossouvre occupa Ă  l’ÉlysĂ©e un bureau proche de celui du PrĂ©sident et fut en charge d’affaires souterraines avec l’étranger et portant le titre pompeux de « PrĂ©sident du ComitĂ© des chasses prĂ©sidentielles ». Parrain de Mazarine Pingeot, il protĂ©gea la deuxiĂšme famille de son ami jusqu’au moment oĂč, gĂȘnĂ© par cet aristocrate surannĂ© et envahissant, Mitterrand s’éloigna de lui.

 

RaphaĂ«lle BacquĂ©, grand reporter au Monde et bonne connaisseuse du monde politique (Chirac ou le dĂ©mon du pouvoir, NB juillet 2002), dresse, outre le portrait de Grossouvre, celui d’un Mitterrand cynique usant d’une sĂ©duction mĂȘlĂ©e d’autoritĂ© distante, glaciale, quasi « royale », qui jusqu’à sa mort suscita parmi son entourage une passion vĂ©nĂ©neuse. Elle dessine aussi les arcanes d’un pouvoir oĂč les « affaires » se dĂ©couvrent progressivement. Bien documentĂ©e, elle raconte de maniĂšre vivante les mĂ©faits du pouvoir sur les hommes.