Une femme exprime par fragments son désarroi devant les événements qui l’ont bouleversée. Elle vitupère contre son compagnon qui a su détourner d’elle leur fille unique, fait part de sa peur devant cet homme devenu un étranger, de la haine qui grandit en elle jusqu’à vouloir le supprimer, de son angoisse et de son obsession d’être épiée. Sa fille prend la parole à son tour pour réfuter point par point les dires de sa mère, proclamer sa vérité et décrire la dérive de cette femme alcoolique, névrosée, paranoïaque.
Gisèle Fournier, écrivain des voix intérieures, des grands mouvements de l’âme (cf. Ruptures, NB octobre 2007), utilise les principaux thèmes de la psychanalyse – refus de l’accouchement, mère dévorante, délire de persécution, hystérie – pour tendre sa trame. Elle tisse un jeu subtil qui mène de surprise en surprise. Son style économe, tout en force et rythme, sait rendre le dédoublement de la personnalité, faire surgir l’inquiétude et sourdre la menace qui naît de la maladie mentale.