Le dernier seigneur de Marsad

À Beyrouth, le clan Khattar contrôle le quartier de Marsad depuis la fin du XIXe siècle. À partir de 1958, la puissance du patriarche Chakib, grand commerçant, propriétaire terrien et notable incontesté, se trouve menacée par les crises politiques et religieuses qui s’exacerbent et dégénèrent en une succession de guerres civiles. Parallèlement, la dynastie se lézarde peu à peu de l’intérieur : l’inflexible Chakib s’oppose au mariage de sa fille préférée avec le jeune homme pauvre dont il avait pourtant fait son homme de confiance. Le couple s’enfuit… Charif Majdalani renoue brillamment avec le genre de la saga (Nos si brèves années de gloire, NB février 2012). Il joue avec subtilité sur l’ambiguïté des sentiments que son héros suscite, autour de lui et chez le lecteur : de l’admiration à la haine, du rejet à la compassion. Le narrateur lui-même finit par quitter sa réserve de témoin occasionnel et sa neutralité de rapporteur. Dans un ultime retournement romanesque, on découvre qu’un deus ex machina peut en cacher un autre. L’imaginaire et le style d’un grand conteur mêlent sans pathos le mythe et la réalité : une fiction passionnante dans un pays au bord du gouffre.