Monaco, 28 mai 1968. Sur son lit dâhĂŽpital, amoindri par la maladie de Parkinson, Kees Van Dongen regarde virevolter les infirmiĂšres autour de lui. Pour ce peintre qui maquillait le tragique de la vie derriĂšre la frivolitĂ©, pour cet homme insouciant qui avait tant dâappĂ©tence pour la vie, les femmes, le plaisir, lâargent et la luxure, pour lâanarchiste disciple de Kropotkine, lâheure est aux souvenirs : son arrivĂ©e en provenance de Hollande en 1897, le passage au Bateau-Lavoir, le Paris est une fĂȘte des annĂ©es vingt, Montparnasse, ses amis, ses ennemis et la peinture, bien sĂ»r. Comme il en est coutumier, François Bott (Avez-vous l’adresse du paradis ?, NB octobre 2012) brille par sa lĂ©gĂšretĂ©. Le choix dâun bon vivant facilite lâentreprise, mais Ă vouloir ĂȘtre trop primesautier, lâauteur en devient superficiel. Si les prises de parole, alternant je et il, Ă©voquent volontiers un corps Ă corps, si les successions de synonymes cherchent Ă donner un rythme, si lâintĂ©gration sauvage de paroles (chansons ou poĂšmes de Gary, PrĂ©vert, FerrĂ©âŠ) crĂ©e une impression de ritournelle, le tempo nâen est pas moins artificiel, rĂ©duisant le portrait Ă une Ă©numĂ©ration de qualificatifs.
Le dernier tango de Kees Van Dongen
BOTT François