Le dernier thé de Maître Sohô

GELY Cyril

En juillet 1853 naît, dans la province de Nigata au Japon, Ibuki, fille de Monsieur Ozu, producteur de saké. Elle rêve d’être samouraï, se travestit en homme et traverse le Japon pour rencontrer Maître Akira Sohô, issu d’une longue lignée de guerriers. Lui n’exerce plus et consacre sa vie au thé.

Bien qu’écrit par un scénariste français, ce roman pourrait tout à fait être une œuvre japonaise. En effet, Cyril Gély (La forêt aux violons, Les Notes janvier 2020) semble parfaitement connaître les traditions de ce pays : la délicatesse des cueilleuses de thé, la complexité du choix et la subtilité de la préparation du thé sont magnifiquement décrites. De même, le code d’honneur des samouraïs, l’art du combat au sabre, et la dureté des entraînements devenus moins fréquents sont remarquablement évoqués. Il faut rappeler la qualité des jiseiku, poèmes d’adieu écrits avant ce qui peut être l’ultime combat. Le style plein de poésie et de légèreté, la nature idéalisée comme une peinture, la finesse des sentiments font de ce roman tourné vers l’art du thé un conte sur la rencontre improbable de deux personnages singuliers d’où naît une complicité profonde à cette époque de l’ère du Meiji qui va transformer le Japon. La fin est un clin d’œil ! (C.M. et M.Bo.)