Fils d’un tailleur de Marstal, petit port de pêche danois, Carl Rasmussen (1841-1893) dessine passionnément dès son plus jeune âge. Grâce à un notable local qui remarque ses dons, il peut aller se former à Copenhague où il rencontre Gauguin. Au retour d’un premier voyage au Groenland – à la recherche de la pureté de la lumière glaciaire –, il épouse une cousine pauvre, Anna Egidia, qui lui assure un soutien discret et fidèle et lui donne huit enfants. Il connaît alors la notoriété comme peintre de marine. Plus de vingt ans après son premier voyage, il repart pour le Groenland. Ce beau récit, grave et humain, de l’écrivain danois Carsten Jensen (Nous, les noyés, NB juillet 2010) est une biographie romancée, fidèle aux faits semble-t-il, mais qui explore subtilement la psychologie supposée des personnages réels, à commencer par son héros. Celui-ci apparaît fortement comme un créateur idéaliste, exigeant et insatisfait, dont l’isolement dans son art est générateur d’incompréhension avec son entourage auquel il est pourtant profondément attaché. Les personnalités sont évoquées avec finesse, notamment celle d’Anna Egidia.
Le Dernier voyage
JENSEN Carsten