Iouri, sorti de son isba avec la Révolution, s’est réfugié avec sa tendre épouse au pays des “Franklin Roosevelt”, de ces dollars qu’il a chichement gagnés tout au long d’une vie en somme pas si malheureuse. Après la mort de sa femme, son fils unique, un vaurien dès l’enfance, l’emmène en Californie dans la prison dorée que son immense fortune lui a permis de construire. Iouri doit changer de nom pour ne pas ternir le miracle américain de son fils. Enfermé dans la hantise sécuritaire qui entoure les riches Américains, exaspéré, dépossédé de sa modeste vie, il se retrouvera lui-même avant de mourir à travers sa religion d’enfance, se pliant à la discipline d’un couvent orthodoxe près de New York et renouant avec son fils des liens d’amour véritable.
Les relations père/fils donnent une tonalité profonde au quotidien du vieil homme condamné au luxe et se réfugiant dans les souvenirs de jeunesse ou les tentatives d’amitié. Cette belle histoire, écrite au crépuscule d’une vie, montre sans naïveté et avec nuances que l’homme ne vit pas seulement de pain.