Le dilemme du prisonnier

Dans la famille Hobson, il ya la mère patiente et résignée, le grand frère secret, la grande soeur irascible, la cadette un peu fêlée mais adorable, le petit dernier joyeux et sociable. Et surtout, il y a Hobson senior autour duquel ils gravitent tous, héros formidable et malade, champion des jeux, gags et calembours, qui peaufine une grande oeuvre cachée. Sujet à des crises mystérieuses de plus en plus fréquentes – syncopes et hallucinations –, il est contraint de déménager souvent avec les siens. Ils se décident à le faire soigner. Richard Powers s’attache à faire surgir à travers des personnages un visage sombre des États-Unis (Gains, NB Septembre 2012). Dévoilant progressivement la complexité de l’énigme du père profondément ébranlé par son passé, il s’interroge sur la culpabilité d’une Amérique dynamique entrant dans le conflit de la seconde guerre mondiale avec un enthousiasme relayé par la célèbre souris de Disney, mais faisant usage de l’arme nucléaire et de camps pour les citoyens d’origine nippone. Sa peinture des personnalités de chacun et des liens forts qui unissent ces « paumés en orbite du maître », séduit par sa vivacité et sa subtilité. Brillant, complexe et attachant.