En 1950, Staline vieillissant sĂ©journe dans le beau palais Liskani, prĂšs de Bojormi, dans sa GĂ©orgie natale. Il y rejoint sa maĂźtresse pour juger dâun projet de monument Ă sa gloire et rencontrer Danilov, lâartiste qui lâa conçu. Mais Staline a la tĂȘte ailleurs. Il sâattarde dans ses appartements privĂ©s, sâadonne Ă la rĂȘverie, pose Ă la jeune femme, sur lui-mĂȘme et son passĂ©, des questions biaisĂ©es quâelle contourne habilement. Un divan lui rappelant celui de Freud, il finit par lui proposer un jeu pervers qui consiste Ă le psychanalyser. Pendant ce temps Danilov patiente. Mais le vieux renard a plus dâun tour dans son sac. En centrant son roman sur un Staline inattendu, lâauteur (Le valet de peinture, NB octobre 2004) utilise les ressorts de cet esprit tortueux pour construire, dans une parfaite pertinence historique, un huis clos de quelques jours aussi captivant quâun thriller psychologique. Baignant dans une atmosphĂšre Ă©trangement poĂ©tique, ce jeu mortifĂšre est portĂ© par une langue sobre et prĂ©cise qui sait traquer dans les moindres dĂ©tails tant les subtiles couleurs de lâautomne, ou la splendeur dâun lac, que la flagornerie courtisane, la beautĂ© dâune femme ou le masque de la peur. Un petit bijou littĂ©raire en marge des courants dominants.
Le divan de Staline
BALTASSAT Jean-Daniel